Industrie du textile : Une résilience à toute épreuve

  • Avec +23%, le Maroc enregistre la plus forte progression des exportations textile vers l’UE depuis début 2021

  • PAI : 116.500 emplois créés dans le cadre du PAI dépassant l'objectif initial de 100.000

  • Banque de projets : 80 projets d’investissement dans le textile de plus de 2,5 MMDH

Le textile a été à l’honneur du 3ème Rendez-vous de l’Industrie, organisé mercredi 30 juin 2021, par le Ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Economie verte et numérique, en présence des opérateurs du secteur. Cette nouvelle édition a été l’occasion de dresser l’état des lieux du secteur, ses réalisations dans le cadre du Plan d’accélération industrielle (PAI) et d’identifier les principaux enjeux de son développement.

Textile, secteur historique et résilient

« Le secteur de l’habillement et du textile est historique au Maroc. On pourrait le qualifier d’une des colonnes vertébrales de l’industrie nationale », a déclaré le Ministre, M. Moulay Hafid Elalamy, soulignant l’importance de ce secteur qui, au fil du temps, a tissé « une marque de fabrique marocaine connue et reconnue à l’échelle mondiale ». Avec 1628 entreprises employant 189 000 personnes, soit 22% des emplois au niveau national, ce secteur permet de générer un chiffre d’affaires de 50,48MMDH et de 36,5 MMDH à export, ainsi qu’une valeur ajoutée de 15,88 MMDH.

Touché de plein fouet par la pandémie mondiale, le textile national a, inéluctablement, subi, à l’instar d’autres pays, les conséquences de la baisse de consommation et des fermetures. A présent, il renoue avec le fil de la croissance. Ainsi, depuis le début de l’année 2021, le Maroc a enregistré la plus forte évolution des exportations vers l’Europe avec plus 23%. 

« En réponse à l’appel Royal de riposte à la crise sanitaire, la mobilisation du secteur a permis au Maroc de pallier aux besoins par la voie de la fabrication locale. Avec l’appui du Ministère, les textiliens sont parvenus à fabriquer des masques en un temps records », a indiqué le Président de l’AMITH, Mohammed Boubouh. 

Cette réactivité a amené le secteur à opérer une reconversion rapide qui a permis l’émergence d’une nouvelle filière, le textile technique à usage médical, comme l’ont attesté les directeurs de SOFT TECH, de LAMATEM et d’ARWAMEDIC dans leur témoignage au cours de cet événement. 

Le PAI : un nouveau souffle pour le secteur textile

Les entreprises du textile ont trouvé dans leur résilience la force de se battre et dans le Plan d’accélération industrielle (PAI) la voie tracée pour renouer avec la dynamique. Le secteur a ainsi réalisé une bonne performance, depuis le lancement du PAI. En termes d'emploi, plus de 116.500 postes ont été créés durant la période allant de 2014 à 2020, dépassant l'objectif initial de 100.000 emplois. Malgré la pandémie, l’année 2020 a vu la création de 10.684 emplois.

En termes d'export, la croissance a été également au rendez-vous avec un CA additionnel de 5,5MMDH entre 2014 et 2019, dépassant aussi l'objectif premier fixé à 5 MMDH au niveau des écosystèmes. Durant l’année de la pandémie, le secteur a réussi à réaliser un très bon CA d’un volume de 28,6 MMDH. 

Cette dynamique insufflée par le PAI textile a été, par ailleurs, un véritable aimant à l’investissement. 203 projets, d’un montant global de 5,4MMDH, ont été accompagnés par le ministère. A terme, ces projets, répartis sur 8 régions, permettront de générer 31.130 emplois et un CA de plus de 12 MMDH, dont 8MMDH à l’export. 

Quant à la répartition de ces investissements par segment, c’est celui de la fast fashion et de l'habillement qui s'est accaparé plus de la moitié (52%). En seconde position, avec 17%, se trouve un écosystème qui émerge, la filière textile à usage technique. Le reste des investissements se répartit sur les autres écosystèmes: le denim, la maille, le distributeur et le textile de maison. 

« Le PAI a enclenché une nouvelle dynamique, une prise de conscience de nos capacités, un changement, peut-être, de paradigme parce que nous commençons non plus à être des sous-traitants, mais à être des fabricants de marques que nous présentons un peu partout », a fait constater le Ministre.

Cette stratégie public-privé a fait de la structuration des écosystèmes son noyau central. Et grâce à la mise en concordance des enjeux et des engagements, c’est un univers de production performant qui s’est mis en marche. Ainsi, 6 écosystèmes ont été mis en œuvre, dans le cadre du PAI : fast fashion, maille, l’écosystème distributeur, l’écosystème denim, l’écosystème textile à usage technique et le textile de maison. 

Commande publique, un levier vital

Des exemples concrets ont été présentés à l’occasion de cet événement, dont celui de la Société Crossing. « Notre société s'est très vite inscrite au PAI avec un investissement de plus de 60 millions de dirhams (…) Le projet est toujours en cours et permettra, à terme, malgré la parenthèse COVID, de créer pratiquement 500 emplois directs et indirects », a indiqué son DG Karim Douiri. Et de souligner « l’importance stratégique » du renforcement du « made in Morocco », la renégociation des Accords de libre-échange (ALE) et l’initiative « Un million de cartables ». « Ces cartables étaient importés majoritairement d'Asie. Depuis l'année dernière, le produit est entièrement marocain, de production et de composants entièrement marocains. J'espère que cette initiative fera tache d'huile sur tous les autres secteurs », a-t-il-souhaité.

Un souhait conforté par le DG de la société Plastima, Yassine Benmlih : « Nous avons pu, en deux mois, lancer la conception, la fabrication et la création de la norme de tous les cartables qui ont été lancés en 2020 (…) Cela nous a sauvé l’année 2020 ». Et de préciser que la relance de cette demande, cette année, ouvre au secteur de nouveaux marchés.

« La commande publique doit d’abord aller aux Marocains (…). C’est un levier pour accompagner l’industriel marocain afin qu’il gagne le marché national et qu’à travers ce dernier il devienne compétitif pour gagner des marchés à l’international. C’est ce pari qui est en train d’être gagné par les opérateurs marocains », a souligné le Ministre.

Sourcing local et banque de projets

A travers la commande publique, mais aussi privée, le secteur consolide, en effet, son développement. A ce sujet, la Directrice sourcing monde Groupe DeFacto, Elif Cam, s’est exprimée sur l’expérience du groupe turc: « Nous avons produit près d'un million de pièces depuis le début de cette année. Tous ces articles sont fabriqués au Maroc et nous les présentons dans nos boutiques marocaines comme des articles ‘made in Morocco’, et c’est pour nous, à présent, une source de fierté ». Et de souligner que « les fabricants marocains disposent de la meilleure qualité en expertise et en savoir-faire »

Autre exemple, celui du Groupe Marjane qui s’est lancé, en avril dernier, avec l’appui du ministère de l’Industrie, dans le développement de son sourcing local auprès des opérateurs nationaux du textile. En partenariat avec l’AMITH, ce sourcing a déjà commencé à donner ses fruits auprès des opérateurs marocains.

Pour booster cette croissance, le ministère de l’Industrie a mis en ligne, en septembre dernier, une banque de projets offrant des opportunités d’investissement. Dans ce cadre, 80 projets d’investissement de plus de 2,5 MMDH ont été retenus pour le secteur du textile, générant près de 9000 emplois. Quant au potentiel prévisionnel du CA local, il est de 2,47MMDH et de 3,17MMDH à l’export. 

Atouts du secteur

Plusieurs sociétés étrangères ont choisi d’investir au Maroc, comme la société turque Karnawall et l'entreprise chinoise Omega. « Au moment où la crise sanitaire atteignait son plus haut niveau, nous avons signé un mémorandum avec le ministère de l’industrie en juillet 2020 », a affirmé la gérante d’Oméga Textile Maroc, Mme Cai Jie. Et de préciser que l’entreprise a fait un « un choix stratégique de s’installer au Maroc pour sa stabilité politique, sa localisation privilégiée et sa main-d’œuvre disponible et de qualité ».

Le Président du conseil d’administration de Karnawall Maroc, M. Ekber Alkan, partage les mêmes raisons du choix du Maroc et ajoute que l’expérience marocaine dans le textile et son ALE avec les Etats-Unis offrent des perspectives de développement dans les marchés internationaux. « Tous nos employés sont marocains et nous comptons recruter plus de 2000 personnes », a-t-il-annoncé. 

Attractif pour l’investisseur de tout horizon, le Royaume offre un relais de croissance économique indéniable. Le savoir-faire et la main-d’œuvre qualifiée ont fait la force du textile marocain, grâce à une formation en parfait adéquation avec les besoins du secteur. C’est la mission que s’assignent l’Ecole nationale supérieure des industries du textile et de l’habillement et Casa Moda Academy. 

Les ressources humaines marocaines séduisent par leur qualité les donneurs d’ordre internationaux, dont Decathlon. « On bénéficie d'une main d'œuvre qualifiée et disponible, et puis les infrastructures du Maroc sont exceptionnelles et nous permettent d'être efficients au quotidien », a expliqué le Directeur des opérations Decathlon Maroc, Etienne Mafart. Selon ce dernier, le groupe compte pérenniser et accélérer ses activités au Maroc dans les prochaines années.

Enjeux du secteur

Le textile opère sa transformation progressivement, au fil des années. « Le textile est devenu un secteur à la pointe de la technologie, qui intègre des savoir-faire qui sont rares et importants. Nous avons une main-d'œuvre qualifiée qui a une histoire avec le secteur du textile (…) C'est un vrai capital immatériel du Maroc », a estimé le Ministre. Et de souligner que « seuls ceux qui sont dans le technique, dans l'innovation, dans la préparation de la génération future, dans les industries 4.0, sont en mesure de survivre. C'est une guerre ouverte et permanente ».

Compétitivité oblige, les textiliens marocains doivent renforcer l’amont et innover. « Les donneurs d’ordre savent très bien, aujourd'hui, que le problème, ce n’est pas produire, mais vendre », a indiqué le Président de l’AMITH. Alors, pour passer de la sous-traitance au produit fini, la créativité s’impose en critère essentiel.

Autre enjeu soulevé par ce responsable : l'industrie verte. « Avant, c'était un plus, maintenant, c'est une nécessité », a-t-il-précisé, affirmant que les industriels marocains ont saisi l’importance de l’enjeu, d’autant que la taxe carbone européenne est attendue pour 2023. « Là, nous sommes obligés d'être en adéquation avec les normes environnementales européennes », a-t-il-reconnu.

Développer de nouveaux produits, investir dans la RD et l’innovation, se réapproprier le marché local, autant d’enjeux évoqués par les différents intervenants, notamment les DG de SEFITA et Marwa. 

« Le Maroc est en train de regagner ses galons dans le textile et l'habillement mais plus comme avant (…)  Les opérateurs marocains vendent de la qualité, du savoir-faire, des prix, mais aussi de la mode, des marques nouvelles et une intelligence » a souligné le Ministre. Le vrai challenge pour le secteur, aujourd’hui, est de parvenir à positionner le Maroc comme étant un acteur incontournable, un acteur de qualité et fiable. « Aujourd’hui, le Maroc est en ordre de bataille pour gagner l'avenir, et nous allons le gagner », a conclu M. Elalamy.

Vidéo intégrale de la 3ème édition des RDV de l'industrie: édition industrie textile

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